Nous étions 32 au départ pour un circuit de 11 Km et 180 m de dénivelé. Le parcours à priori pas difficile présentait néanmoins quelques passages cocasses et techniques.
Un agent communal (dont l’ancêtre devait être un garde champêtre) s’est pris au jeu de retracer le cheminement des anciens vignerons entre Chemaudin et Dannemarie-sur-Crête. Vous ne trouverez ce parcours sur aucune carte IGN, un balisage jaune existe bien mais, si usé, qu’il ne reste aux baroudeurs que l’intuition et l’orientation pour deviner la trajectoire du chemin. Il faut également faire preuve d’imagination pour se représenter les paysages traversés totalement dégagés de toute forêt, seuls la vignes et les cultures s’étendaient alors sur ces collines. Aujourd’hui, l’itinéraire est sylvestre en presque totalité.
Nous partons donc de l’église du village sous le soleil, la température est douce et un petit vent du nord tempère l’air ambiant. Nous empruntons donc la crête orientée Est-Ouest qui mène, tout droit, à Dannemarie, le grand Besançon y a aménagé récemment la piste cyclable qui joint Besançon à Saint-vit. Nous bifurquons à gauche à l’angle de la mare (les mares sont ici étonnamment perchées au sommet de la crête, (l’eau n’est pas loin, sous nos pieds) le chemin « de la Pote » traverse la forêt de Chemaudin et nous permet d’accéder au sentier que nous convoitons. Quelques asperges sauvages en érection bordent le chemin, mais « chut » il faut garder secret nos coins, c’est si bon.
Le sentier est étroit, les robiniers en fleur bourdonnent d’abeilles, les oiseaux font leurs soli, seuls le marcheur silencieux perçoit ce concert. Une grande doline à main droite nous rappelle que nous sommes bien sur un contrefort jurassien.
Le jeu annoncé était à qui le premier découvrirait des ceps de vigne et des feuilles de vigne ! je ne saurais départager qui de Denis ou de J. Jacques était le premier à les montrer, mais oui, là au pied du chêne, plusieurs lianes grimpaient vers la canopée, le vert tendre des feuilles de vigne étaient parfaitement identifiable, perchées dans les branches, brillantes dans le soleil. Ainsi sur quelques hectomètres de très vieux ceps de Noa, Bacon ou Pousin avaient défié le temps pour survivre à l’arrachage des vignes dans les années 1930. Les murgers qui bordent le sentier ainsi que les robiniers témoignent avec eux de l’activité viticole de ce territoire. Une caborde en ruine ici puis, là un escalier de quelques marches qui montrent le soin qu’apportaient nos ancêtres à leurs parcelles de vignes.
Notre « cantonnier » sylvestre c’est fendu de panneaux de bois gravés qui jalonnent le parcours et relatent les curiosités botaniques qui le borde. -l’arbre amoureux – l’arbre « tanguy » - le robinier bossu (arbre à vœux) - la flèche de l’archange St-Michel, le noyer à 11 têtes – l’ « arbrabrevoir » … c’est sympa. Les chemins eux-aussi ont un nom – Le Poussot – la Miraude – Vaugirard – Notrechaux – les Cras – et pour terminer le Pasquier qui en fait est un sentier botanique qui nous remonte à Dannemarie et son chêne remarquable. Deux cabordes sauvegardées par les jeunes de l’IME de Besançon nous rappellent encore la vigne, tout comme la rencontre de Joseph I. villageois de Dannemarie en train de piocher sa vigne et qui témoigne lui aussi que c’est bien du Bacon qui pousse dans son jardin. Il nous invite à boire un coup, mais à 32 !?
Notre retour se fait par la crête, il faut rentrer déjà, un brin nostalgique, je me souviens des escapades de mon enfance, couteau en poche à la pique de l’été et des grandes vacances, quand nous partions à l’aventure sur les chemins, vers les ruisseaux où nous passions des heures à fabriquer des moulins, dans les bois à se tailler des arcs et des flèches comme d’authentiques indiens, ou encore à tester la précision de notre fronde faite de coudrier et de vieille chambres à air et de rentrer à point d’heure au risque d’inquiéter nos mères… Notre cosmologie est faite de cette déambulation dans la nature, on aime y retourner, on souhaite la transmettre préservée de nos abus.
(Digression !! oups)
Une dernière photo de groupe au pied du château d’eau avec en arrière-plan le clocher si particulier de Chemaudin avec ses tuiles en écailles d’étain. La boucle est bouclée.
Nous nous retrouvons à 12 pour boire un coup au café de la place de la Mare. À la prochaine, merci aux serre-files (dont un qui, le nez et le front se raya) il reste bien des histoires à raconter.
Dominique